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Qui est Mohamed Aly, l'homme à l'origine des nouvelles manifestations en Égypte ?

Qui est Mohamed Aly, l'homme à l'origine des nouvelles manifestations en Égypte ?

Egypte

Ce vendredi encore, des Égyptiens pourraient prendre d’assaut les rues de la capitale pour protester contre le régime du président Abdel Fattah Al-Sissi, en dépit des restrictions fermes des autorités. Cette dissidence, inédite dans le pays depuis l’arrivée au pouvoir de l’ancien général, a pris corps sur les réseaux sociaux à l’appel d’un Égyptien en exil, Mohamed Ali. Qui est-il ? Comment ses vidéos ont-elles réussi à révolter les Égyptiens ? Portrait.

Dans ses vidéos partagées des millions de fois sur les réseaux sociaux, Mohamed Ali ne fait pas dans la dentelle. S’adressant aux Égyptiens depuis son appartement de Barcelone, chemise souvent déboutonnée et cigarette à la main, l’homme livre une charge haute en couleur et cruelle contre la gouvernance Sissi. Une économie flageolante emmenée par la corruption dans les cercles fermés du pouvoir, notamment dans l’armée, l’oppression contre les opposants, la paupérisation de la population égyptienne… dénonce Mohamed Ali, le tout dans un langage familier, et parfois vénère, question de toucher le maximum d’internautes.

« Vous êtes un oppresseur et un échec. Les gens meurent de faim », lance-t-il dans une de ses vidéos publiée mi-septembre. Des discours qui ont réussi à toucher le nerf sensible d’une population égyptienne longtemps confinée dans le silence avec l’arrivée au pouvoir du président Sissi, et dont 32,5 % vit en dessous du seuil de pauvreté ; mais qui traduisent également la rupture entre le régime égyptien et un de ses partenaires qui a profité de ses contacts avec l’armée pendant longtemps.

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Acteur à temps partiel et entrepreneur, Mohamed Ali a, en effet, été longtemps un prestataire de l’armée égyptienne avec qui il a décroché de nombreux contrats grâce à son cabinet conseil en construction, Amlak. Il a d’ailleurs affirmé que l’armée gaspille les fonds publics, qu’elle lui doit 220 millions de livres égyptiennes (10,8 millions de livres sterling) pour la construction d’un hôtel de luxe et que la femme de Sissi avait ordonné des travaux de rénovation coûteux dans les somptueux palais présidentiels. Des allégations brandies sans preuve, mais qui ont pourtant réussi à faire réagir le président égyptien.

“Mensonges et calomnies”, a-t-il rétorqué mi-septembre, niant en bloc les accusations de corruption et affirmant qu’il construisait des palais non pour lui-même mais pour l’Egypte. En effet, outre les allégations de corruption, la construction de palais au moment où le gouvernement impose des mesures d’austérité est susceptible de réveiller la colère chez de nombreux Égyptiens affectés par une sévère crise économique. Depuis 2016, le gouvernement a mis en place un programme de réforme en vue d’obtenir un prêt de 12 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI).

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En Égypte, l’engagement de Mohamed Ali pour la chute du régime actuel laisse encore sceptique. Il y a ceux qui le présentent comme le visage d’une partie dissidente de l’armée, et favoriserait quoi qu’il en soit le maintien d’une personnalité militaire au pouvoir. Puis, il y a ceux qui estiment que l’entrepreneur n’est qu’un revanchard qui utilise le peuple pour régler ses comptes avec le pouvoir. Mahmoud, un manifestant qui est descendu dans les rues de Suez dans la soirée de samedi dernier, a déclaré à propos d’Ali qu’il était “un voleur qui avait un problème avec ce gouvernement voleur, il a donc décidé de leur faire honte”. Mais « peu importe, c’est mon droit de participer aux manifestations », a justifié Mahmoud.

Jeudi soir, M. Aly a posté une nouvelle vidéo dans laquelle il renouvelle son appel à manifester vendredi. “C’est une révolution du peuple”, a-t-il dit. En réaction, Abdel Fattah Al-Sissi a estimé qu’il n’y avait “pas de raison de s’inquiéter”.

Depuis le début du soulèvement, les autorités ont procédé à l’arrestation d’environ 2.000 personnes, dont des journalistes, des intellectuels et des militants politiques, selon Human Rights Watch et des ONG locales de défense des droits humains.

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